Interview : introduire les sciences polaires en classe

L'équipe Belge: les enseignants Arjan van der Star, Wim Van Buggenhout et Alex Baiverlin

L'équipe Belge: les enseignants Arjan van der Star, Wim Van Buggenhout et Alex Baiverlin

© International Polar Foundation

L’IPF a interviewé les trois enseignants qui ont participé à la conférence éducative organisée parallèlement à la conférence scientifique de Oslo en juin 2010. Comment ces enseignants exploitent leur nouvelle expérience en classe ?

Trucs et astuces de trois professeurs revenus du front !

Qui êtes vous ?

Nom: Wim Van Buggenghout
Type d’enseignement: enseignement technique secondaire, 3e degré (16-18 ans)
Ecole: Gemeentelijk Technisch Instituut Londerzeel
Orientation: sciences industrielles, électromécanique, techniques de design mécanique
Cours: électricité, mathématiques, géographie
Remarques: Wim et les élèves du 3ième degré dans les sciences industrielles (2006-2007) sont les auteurs du site web “sustainable living”.

Nom: Arjan van der Star
Type d’enseignement: graduat en sciences, 1ère à 3ème année (plus de 18 ans)
Ecole: Groep-T Leuven Education College
Orientation: professeurs de géographie (+ une autre matière en option)
Cours: géographie
Remarques: Arjan serait heureux de répondre aux questions personnelles : mail to Arjan.van.der.star@groept.be

Nom: Alex Baiverlin
Type d’enseignement: secondaire général, technique et professionnel, de la 4ème à la 6ème année (16-18 ans)
Ecole: Athénée Royal de Pepinster
Cours: principalement la physique mais dans les sections techniques et professionnelles, le cours s’intitule “Formation Scientifique” et regroupe les trois sciences : biologie, chimie et physique.
Remarques: Site web à venir et contact alexbaiverlin@gmail.com

Qu’est-ce qui vous fascine dans les sciences polaires ? Pourquoi est-ce si intéressant pour vous ?

Wim: J’ai toujours été une personne proche de la nature. Je me préoccupe beaucoup des problèmes environnementaux  et comme le réchauffement climatique est un sujet d’actualité, je pense qu’on ne peut vraiment pas ignorer les régions et les sciences polaires qui y sont étroitement liées.

Arjan: Les sciences polaires sont un bon moyen d’aborder la géographie car elles se développent plus grâce aux techniques de recherche moderne et aux explorations scientifiques. Ce sont aussi les deux bases sur lesquelles la géographie se construit. De plus, je suis personnellement intéressé par les régions polaires de par ma formation de géologue et de par mon attrait pour la nature.

Alex : L’inconnu et l’aventure sont les facteurs de départ. Après, au niveau des sciences, pratiquement tous les domaines sont abordables via ce biais. Enfin, l’étude du passé et de l’avenir de la planète passe par là. C’est aussi une manière d’introduire une pratique active des langues étrangères.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important d’aborder les sciences polaires en classe ?

Wim: Les pôles sont des baromètres du réchauffement climatique et il est important que les élèves en apprennent les conséquences. Le concept zéro émission de la Station Princess Elisabeth (PEA) nous permet d’encourager les élèves à adopter un mode de vie durable. Ceci peut se faire tant par de petites actions individuelles que par des décisions à plus haut niveau concernant l’aménagement du territoire.

Alex:
D’abord pour sensibiliser les jeunes à l’importance de la recherche et des sciences pour la vie de tous les jours. Notre école a déjà reçu le label « Ecole pour demain » du Ministère Wallon de l’Environnement.
De plus, « l’extraordinaire » que les pôles représentent pour les jeunes les tient en haleine et attentifs. Des exemples hors du commun leur permettent aussi de retenir plus facilement les données théoriques scientifiques.

Combien de temps consacrez-vous aux sciences polaires dans votre enseignement ? Quels thèmes polaires abordez-vous prioritairement ? Pourquoi ? Comment introduisez-vous ces thèmes en classe concrètement ?

Arjan: Mes étudiants les abordent dans les cours théoriques et pratiques. Pour ces derniers, les étudiants sont impliqués activement dans des projets scientifiques et de sensibilisation comme par exemple le concours Polar Quest qui est organisé par l’IPF pour le moment. Les cours théoriques abordent certaines notions concernant les sciences polaires qui sont définies dans le programme mais je parle aussi d’autres thèmes que je trouve intéressants. Par exemple, au cours « Météorologie et Climatologie », on peut associer les « climats extrêmes » et « l’Arctique et l’Antarctique ». Tous ensemble, ces cours représentent environ 12 heures de cours (2 semaines). Mon cours traite autant des aspects naturels des régions polaires que des explorations depuis Mercator jusque Alain Hubert.

Alex: Les plus jeunes (premier et second degré) auront déjà reçu les infos générales dans des cours consacrés aux pôles pendant les années inférieures. Dans les classes supérieures, les sciences polaires servent à illustrer des concepts plus généraux étudiés dans le cadre du programme officiel de la communauté française. Par exemple, dans un cours sur l’énergie, on voit la description de la base polaire pour expliquer la production et la gestion de l’énergie; dans un cours de thermodynamique, on voit le rôle de régulateur du climat de l’eau, …

Wim: Pendant le cours de géographie, j’aborde les thèmes suivants :

  • L’atmosphère (deux cours), y compris l’effet de serre et le trou dans la couche d’ozone.
  • L’Arctique (deux cours): caractéristiques générales, fonte des glaces, la nouvelle ‘guerre froide’ concernant l’énergie,…
  • L’Antarctique (deux cours): caractéristiques générales, aspects techniques de la station PEA. 
  • En plus de cela, je fais des références aux thèmes polaires quand je le peux dans les autres cours, cela prend, tout ensemble, deux cours.

En dehors des cours de géographie, nos étudiants abordent les sciences polaires dans des projets interdisciplinaires. Aux cours de langues, ils ont parlé de la station PEA, la vie d’Alain Hubert et l’année polaire internationale. Dans les cours d’électricité/électronique, nous accordons une attention particulière aux aspects techniques de la PEA.
De plus, nous participons à diverses activités dans et en dehors de l’école : visite de la Classe Zéro Emission, invitation de Johan Berte (Chef de projet PEA), visite d’une exposition sur l’Antarctique au PASS, visite au Jardin écologique créé à l’école, organisation d’un concours sur le « développement durable à la maison » et vente de glace (« glace pour glace ») pour supporter le projet PEA.  

Consultez-vous régulièrement des sites web spécifiques et sont-ils utilisables pour vos cours ?

Wim, Arjan, Alex : Pour les information générales : British Antarctic Survey, NASA ou ESA, et les sites de l’IPF : (Sciencepoles, Polarfoundation et Explorapoles).

Pour le matériel éducatif, nous vous recommandons fortement Educapoles.

Wim: Personnellement, je travaille aussi avec des articles de journaux récents.

Avez-vous introduit les sciences polaires en classe de votre propre initiative ?

Arjan, Wim: Oui, en 2007 à l’occasion de la construction de la base belge PEA. Nous avons tous deux visité le bâtiment en exposition à Tour & Taxi à Bruxelles, nous avons aussi suivi sa couverture médiatique.

Alex: Oui, suite à la participation au concours ‘Pole Position’ en 2006-2007 que notre classe a gagné.

Comment réagi la direction de votre école? Avez-vous été encouragé ?

Arjan: Je travaille de manière indépendante sur mes cours et je suis le seul professeur de géographie donc, je ne collabore pas avec les collègues. Notre direction n’est pas trop impliquée directement dans le contenu des cours mais ce que je fais est parfaitement dans l’esprit de notre Haute Ecole.

Wim: Je suis reconnaissant à la direction de me laisser totale liberté tant que les thèmes concordent avec le programme officiel. J’ai aussi fait des suggestions à des collègues d’autres branches sur l’introduction dans leurs cours des régions polaires et des changements climatiques. Depuis, certains appliquent mes conseils, d’autres ont travaillé sur d’autres idées. Tous ensemble, nous avons créé une "expédition polaire à l’école".

Comment avez-vous été amené à participer à la  ‘IPY Oslo-2010 Science Conference’ ?

Wim, Arjan, Alex: L’IPF nous a informé de la possibilité pour des enseignants de se rendre à la conférence d’Oslo. Nous avons soumis un abstract sur la manière dont nous intégrons les sciences polaires dans notre enseignement et sur ce que nous comptons entreprendre dans le futur proche. Et nous avons été les chanceux qui ont été sélectionnés pour participer à la conférence.

Arjan: Une partie de mon voyage a aussi été financée par une bourse de Grundtvig, un programme d’échange de professeurs.

En quoi votre présence à la conférence d’Oslo va influencer votre préparation de cours pour l’année prochaine ?

Wim: Certains ateliers pendant la conférence éducative étaient très intéressants, tout comme le livre ‘Polar Science and Global Climate – An International Resource for Education and Outreach’ que nous avons reçu. Pendant la conférence scientifique, j’ai approfondi mes connaissances scientifiques en assistant à des conférences données par des spécialistes des régions polaires. Les cartes et posters que j’ai reçus à l’exposition polaire seront bien utiles dans le local de géographie. C’était un grand honneur d’avoir été à Oslo puisque c’était la première fois qu’un évènement éducatif était associé à une conférence scientifique.

Arjan: Pendant les conférences, j’ai approfondi aussi mes connaissances et j’ai eu l’opportunité de parler à différents scientifiques et enseignants issus du monde entier. J’ai pas mal de nouvelles idées d’activités éducatives pour les prochaines années.

Alex: Le livre reçu là-bas avec les différentes expériences va étoffer celles que j’avais déjà répertoriées et mises au point personnellement. De plus, les nouveaux contacts que j’ai eus avec les autres ‘polar teachers’  nous ont déjà permis d’échanger des PPT et cours tout faits. De plus, je prépare la mise sur pied d’une conférence débat « grand public » dans le cadre de l’école et j’ai déjà adapté de l’évolution de notre programme pour l’année suivante.

Nous avons entendu dire que vous vouliez fonder un réseau belge d’enseignants polaires, avez-vous des plans concrets concernant ceci ?

Arjan: Tous les ‘polar teachers’ qui étaient à Oslo sont restés en contact grâce à un groupe Facebook. Wim, Alex et moi-même espérons inciter les enseignants belges à intégrer les sciences polaires dans leurs cours. Pour ceci, nous espérons collaborer avec l’IPF. Nous pensons à mettre sur pieds un forum pour échanger des idées et du matériel pédagogique et nous aimerions voir des élèves s’impliquer dans ce projet aussi.

Alex: Je pense que cette idée est une très bonne idée émanant d’Arjan Van der Star et je suis prêt à collaborer avec lui pour arriver à cet objectif. Nous en avons parlé mais des réunions doivent être prévues pour la conception d’un projet d’une telle ampleur (étude du cadre, des moyens, …). De mon côté, si je peux sensibiliser les instituteurs du primaire de notre région puis éventuellement de la communauté française à nous contacter pour mettre sur pied des activités dans leur école, ce serait déjà un grand succès. Le projet est lancé à l’échelon régional et le bilan de l’année prochaine permettra de penser à l’ouvrir à plus grande échelle.
Mais l’important est bien entendu, d’abord, de sensibiliser les jeunes à l’ampleur du problème et leur faire entrevoir que cette étude est passionnante et que le futur de la Terre passe par la meilleure connaissance des sciences polaires.

International Polar Foundation

Si vous aimez ce site Internet, en voici 3 autres à consulter: PolarFoundation, SciencePoles, ExploraPoles

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