Polarstern / expédition CAML: capture d’amphipodes
Publié le: 04.Jan.2007
L'Eusirus mystérieux - Copyright C. d'Udekem d'Acoz / Alfred Wegener Institut
© International Polar Foundation
Soirée nasses ! Cette fois c'est Christian qui a descendu ses nasses à poissons, afin d'obtenir les spécimens dont il a besoin pour ses recherche en physiologie. Les poissons qu'il capturera passeront plusieurs jours en aquarium, le temps de se remettre de leur capture. Puis ils seront transférés dans une "chambre" où un appareil mesurera la vitesse de circulation du sang dans plusieurs organes, à des températures différentes, en vue de mieux comprendre leur sensibilité à une hausse de température. C'est ce qu'on appelle de la recherche fondamentale, même si en ces temps de changements climatiques, elle risque malheureusement de trouver une application dans les décades à venir.
Fixées sur un cadre métallique lesté, mais aussi équipé de bouées supportant les hautes pressions du fond, les nasses ont été déposées la veille à 800 mètres de profondeur, appâtées avec d'autres poissons. D'autres nasses plus petites et destinées aux crustacés amphipodes ont été rajoutées sur le cadre. A l'heure choisie, Christian a envoyé un signal acoustique à l'aide d'un hydrophone depuis la surface afin de libérer le lest et de faire ainsi remonter tout le dispositif. Une fois repéré en surface grâce à ses bouées jaunes, le montage est hissé à bord par l'équipage.
Enfin l'ouverture des nasses ! Pour Christian et son équipe, déception: ils n'ont capturé aucun poissons. Mais pour Henri et Cédric, c'est la fête: comme espéré étant donné la profondeur, les grandes nasses à poisson ont attiré une centaine d'énormes amphipodes, comparativement à leur groupe. Les plus nombreux sont les "Eurythenes gryllus", approchant les 10 cm, nageurs émérites, d'une couleur le plus souvent orange vif. Présente dans toutes les mers du globe au-delà de 2000 m, cette espèce exige une température ne dépassant pas les 5°C: il n'y a donc que dans les régions polaires qu'on la trouve plus près de la surface. Mais nos "amphipodologistes" ont vite mis la main sur une dizaine d'individus d'une autre espèce, un superbe Eusirus rose aux pattes rouges. Après examen par Cédric le lendemain, le verdict tombe: il pourrait bien s'agir d'une nouvelle espèce !