Polarstern / expédition CAML: baleines de Noël
Publié le: 25.Dec.2006
Un rare cliché du mâle du mésoplodon de Layard dans sa livrée noire et blanche - Copyright M. Scheidat / Alfred Wegener Institut
© International Polar Foundation
Noël est une fête qu'il est bizarre de passer en mer, loin des siens. Ce qui n'a pas empêché la grande famille du Polarstern de mettre les petits plats dans les grands. Après le repas traditionnel, nous nous sommes tous retrouvés dans le "salon bleu" pour le verre de Noël, après le discours du capitaine. Mais pas seulement: entre les deux, une chorale constituée depuis une semaine a offert à toutes et tous une série de chants de Noël en 8 langues: allemand et anglais bien sûr, les langues les plus parlées à bord, mais encore en français, en italien, en espagnol, en néerlandais, en danois, et même en tchèque ! Une performance polyglotte que nous ne sommes pas près d'oublier...
Connaissez-vous les bérardies ? Les mésoplodons ? Les hyperoodons ? Tous sont pourtant des cousins des dauphins, appartenant à la famille de cétacés à la fois la plus nombreuse et la plus mystérieuse, les "ziphiidés" de leur nom scientifique, également surnommée "baleines à bec" par les Anglais. Même si leur taille peut être imposante - la bérardie de Baird atteint les 13 m - ces quelques 20 espèces de soi-disant baleines sont plutôt des super-dauphins, puisqu'ils possèdent des dents. Malgré cette taille, ces animaux restent très mal connus, en raison de leurs préférences pour la pleine mer et de la discrétion de leurs petites familles lorsqu'ils évoluent en surface. Si mal connus qu'on en découvre encore régulièrement. C'est ainsi que deux espèces de mésoplodons ont été décrites pendant les années 90, toutes deux dans le Pacifique. Toutes ces espèces se nourrissent de calmars, qu'ils capturent par une succion rapide au cours de plongées interminables en profondeur.
Si je vous parle de ces mystérieuses créatures, c'est parce que nos baleines ladies ont encore frappé... Après avoir réalisé il y a quelques jours une série exceptionnelle de clichés de la rare et mal connue bérardie d'Arnoux (9 mètres !), elles ont au cours du premier vol de Noël réussi à identifier et photographier deux espèces de mésoplodons tout aussi mal connues. Le plus bizarre est le mésoplodon de Layard, dont le mâle ne peut qu'entrouvrir la bouche (mais assez pour jouer son rôle d'aspirateur à calmars !) suite à la croissance incongrue de deux dents émergeant de sa mâchoire inférieure pour se croiser au-dessus de la supérieure !