L’équipe scientifique BELDIVA à la station Princess Elisabeth
Publié le: 05.Aug.2009
Du 26 janvier au 17 février, 6 membres de l'équipe BELVIDA se sont rendus en Antarctique pour analyser la diversité des micro-organismes autour de la station Princess Elisabeth.
Même si ils existent en très grandes quantités sur terre, les micro-organismes sont encore peu connus, surtout sur le sixième continent. Pour cette raison, le projet BELVIDA a pour objectif d'explorer la diversité microbienne dans un rayon de 200 km autour de la station Princess Elisabeth. Peu d'animaux vivent sur le site de la station, on y trouve principalement des pétrels des neiges qui viennent nicher dans les rochers et leurs prédateurs, des skuas. Ces oiseaux migrateurs quittent l'Antarctique en hiver. Les seuls organismes vivant toute l'année sur le site de la station sont les microorganismes. On en trouve de différents types: lichens, algues, bactéries ainsi que cyanobactéries. Ces organismes sont étudiés par les membres du projet BELDIVA auquel participent plusieurs institutions : les Universités de Gand (étude des algues et des bactéries) et de Liège (étude des cyanobactéries) ainsi que le Jardin botanique national de Belgique (étude des lichens).
Annick Wilmotte, membre de l'expédition, a récolté des échantillons sur le site de la station et sur différents nunataks à proximité de celle-ci afin de pouvoir étudier la diversité des cyanobactéries. Aussi appellées « algues bleues », les cyanobactéries réalisent la photosynthèse. En produisant de l'oxygène, elles ont contribué à l'apparition de la composition de l'atmosphère telle qu'on la connaît aujourd'hui et à l'expansion de la vie sur Terre. Malgré leur taille microscopique, ce sont donc des organismes importants.
Via les échantillons récoltés, les scientifiques de l'Université de Liège cherchent à identifier les communautés de cyanobactéries présentes dans la partie Est de l'Antarctique, plus exactement sur le territoire de la Reine Maud. Ils pourront ainsi augmenter le nombre d'échantillons disponibles et analyser l'évolution des cyanobactéries, voir détecter de futures modifications induites par les changements climatiques.
Les échantillons récoltés sont en cours d'analyse dans des laboratoires belges et européens. Deux approches sont utilisées pour l'analyse de ces échantillons :
-l'approche microscopique : fournit des informations sur la morphologie des cyanobactéries, c'est-à-dire leur forme, leur organisation, leurs pigments et leur structure.
-l'approche moléculaire : donne des informations sur l'histoire évolutive des bactéries. Le code génétique des bactéries est examiné par les chercheurs pour comprendre leur histoire et leur évolution. Plus précisément, ceux-ci extraient et analysent les séquences de l'ADN ribosomique 16S.
La première approche a déjà été appliquée sur l'ensemble des échantillons. La deuxième approche n'a pu encore être réalisée. Il fallait au préalable optimiser la technique d'extraction d'ADN sur les cyanobactéries terrestres. Celle appliquée jusque là était surtout adaptée aux cyanobactéries aquatiques.
Les premiers résultats obtenus démontrent une importante biodiversité. Les cyanobactéries prélevées sur les différents sites sont principalement associées à du gravier ou à des pierres. Au total, 11 morphotypes différents ont déjà pu être identifiés. On parle de morphotypes différents lorsque des organismes possèdent des « caractéristiques physiques orbservables » différentes.