La vie et le climat au Groenland : interview de Chris Paton - partie 2

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Chris Paton, professeur d'anglais et de géographie, vit depuis 4 ans à Uummannaq, une petite île à 650 km au Nord du cercle polaire Arctique. Dans la seconde partie de l'interview, il nous parle de la vie et du climat en Arctique.

Comment est la vie à Uummannaq ?

C'est une vie très rude en raison des conditions climatiques qui y règnent. Le temps ici rend difficile l'accès à de nombreux services et facilités comme les centres médicaux.

Il n'y a pratiquement aucune route à Uummannaq car le sol est fait de roche. Un tiers des maisons n'ont pas accès à l'eau courante car il n'y a pas de canalisations dans les maisons. A l'exception des hôpitaux et les écoles, il n'y a pas non plus de toilettes avec chasse d'eau. Nous avons un seau que nous devons vider deux à trois fois par semaine.

Parce qu'il n'y a pas de système d'assainissement, nos toilettes sont vidées directement dans la mer. Cela cause une augmentation du niveau de dioxines. L'analyse de notre eau potable a révélé des concentrations de dioxines 100 fois plus élevées que dans l'eau danoise par exemple. Nos déchets sont brûlés dans une décharge publique. Cela pollue l'eau. Au printemps surtout, quand la neige commence à fondre, toute la pollution qui avait alors été capturée dans la neige fond. Ensuite nous la buvons. C'est vraiment un grand enjeu ici pour lequel nous devons trouver une solution.

L'accès aux produits alimentaires frais peut aussi être très difficile. Chaque année, nous manquons de nourriture (surtout du fromage, yoghourt, fruits et légumes) en avril. Le dernier bateau qui nous approvisionne part en novembre et faire venir de nouvelles provisions par hélicoptère pendant l'hiver coûte très cher. Ceci explique pourquoi presque tout le monde ici possède au moins deux congélateurs, ce qui paraît fou en Arctique !

La rareté de la lumière en hiver est aussi très dure à vivre. En décembre et en janvier, nous avons seulement 1 ou 2 heures de crépuscule.

Depuis que vous vivez à Uummannaq, avez-vous remarqué des changements que vous pourriez associer aux changements climatiques ?

La glace de mer apparaît plus tard dans l'année. Normalement, la glace se forme vers novembre et reste jusqu'à juillet. Maintenant, elle se forme en janvier et disparaît en mai-juin. Le danger auquel sont exposés les chasseurs a fortement augmenté car la glace est plus fragile. Ils ne peuvent plus circuler sur la glace aussi longtemps que dans le passé.

Cet hiver le soleil est réapparu le 4 février, deux jours avant la date habituelle. Je pense que cela pourrait être lié aux changements climatiques. Cela s'explique par la fonte des glaciers qui jusque là bloquaient le soleil mais depuis qu'ils ont partiellement fondu, le soleil passe au-dessus des glaciers plus tôt dans l'année.

Il y a aussi plus de vent et il est plus fort. Le vent est déterminant car si le vent souffle fort pendant plusieurs jours quand la glace se forme, elle se fragmente et elle ne se reformera pas avant que l'eau ne soit plus stable. Il y a une période où l'on ne peut utiliser ni le traîneau, ni le bateau, ce qui rend la tâche des pêcheurs et des chasseurs encore plus difficile.

Il y aussi plus de précipitations qu'avant sous forme de neige. Notre île est réputée pour avoir assez peu de neige en comparaison à la côte Est du Groenland. Sur la côte Est, ils sont habitués à creuser des tunnels entre les maisons !

Mais l'aspect le plus marquant est le fait qu'il y ait autant d'intérêt de la part des chercheurs et des journalistes. Nombreux sont ceux qui viennent à Uummannaq et s'intéressent à la vie des chasseurs face aux changements climatiques. Beaucoup d'écoles nous contactent aussi pour mener des projets avec nous. On sent l'intérêt autour du Groenland lié aux changements climatiques.

Il y a t'il un autre aspect que vous voudriez souligner ?

Oui ! Un autre aspect positif de la vie au Groenland est que les groenlandais sont des gens très spontanés et flexibles. On ne peut s'attendre à ce que les gens soient ponctuels ici à cause du temps, donc ils viennent quand ils peuvent. Tout le monde ici a déjà expérimenté des retards à cause du temps. Si le temps devient encore moins prévisible, la spontanéité des gens sera testée. Les groenlandais sont beaucoup plus en accord avec le temps et l'environnement qui les entoure : ils le vivent et en dépendent pour se nourrir. Je peux comprendre que les hollandais soient inquiets de la montée du niveau de la mer mais je sais que les groenlandais ne seront pas tracassés. Ils continueront à s'adapter comme ils l'ont toujours fait !

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