La vie au Groenland : interview de Chris Paton - partie 1
Publié le: 05.Oct.2009
Vous vous demandez à quoi ressemble la vie au Nord du cercle Arctique? Lisez cette interview de Chris Paton et vous aurez un aperçu ! Professeur d'anglais et de géographie, Chris Paton a 35 ans et vit depuis 4 ans à Uummannaq, une île de 12 km2 située à 650 kilomètres au Nord du cercle Arctique au Nord-Ouest du Groenland.
Contactée au printemps dernier par Chris Paton, l'équipe éducative de l'IPF a décidé de publier une interview en deux parties afin de permettre aux lecteurs d'EducaPoles de découvrir la vie au Nord du Cercle polaire. Cette interview porte sur différents aspects de la vie au Groenland. La première partie traite des raisons qui ont motivés C. Paton, originaire d'Angleterre, à venir vivre au Groenland et de son intégration au sein de la communauté groenlandaise.
Pourquoi avez-vous décidé d'aller vivre au Groenland?
L'idée de vivre dans le Nord m'attirait beaucoup. J'ai d'abord étudié en Ecosse puis complété mon diplôme par une agrégation au Danemark, où j'ai rencontré ma femme. Quand j'ai obtenu mon diplôme, j'ai postulé pour un poste d'enseignant au Groenland. A l'époque, ils cherchaient à engager 400 professeurs qualifiés au Groenland.
Comment est le mode de vie au Groenland ?
La culture groenlandaise est construite autour de la nature. Beaucoup de personnes dépendent de la chasse pour se nourrir. Nous avons beaucoup de baleines ici. Le narval, par exemple, est très important pour les groenlandais : c'est leur repas préféré pour Noël. Dans les villages, la chasse est même une activité de survie : si le chef de ménage ne chasse pas, il n'y a pas de nourriture en suffisance pour sa famille.
Quand je vivais en Angleterre, j'étais contre la chasse à la baleine. Maintenant, je comprends mieux la relation qui lie les groenlandais à la nature et aux animaux. Le fait de vivre ici a radicalement changé mon point de vue sur le sujet. Je ne critique plus la chasse à la baleine pour autant qu'elle soit exercée dans un but de subsistance. La majorité de nos chasseurs sont professionnels et chassent de façon responsable. Ils tuent seulement ce dont ils ont besoin pour vivre.
Une autre tradition groenlandaise est le "kaffemic". Un "kaffemic" est une réunion de personnes autour d'une tasse de café. Bien que les groenlandais soient de grands amateurs de café, c'est plus un prétexte qu'une fin en soi. C'est surtout l'occasion d'être ensemble, d'échanger des nouvelles et de parler de la pluie et du beau temps.
Qu'est-ce qui vous a le plus impressionné quand vous êtes arrivé à Uummannaq ?
La première chose qui m'a frappé a été la forte odeur de poisson. La place du poisson est primordiale dans cette communauté puisque c'est son moyen de subsistance. Ca a l'air dégoutant mais après quelques temps, on s'y habitue.
L'autre aspect qui m'a frappé était les traînées de sang un peu partout sur l'île. Celles-ci sont laissées par les pêcheurs et les chasseurs qui transportent leurs proies d'un endroit à l'autre de l'île.
Comment s'est passé votre intégration dans la communauté de Uummannaq?
Uummannaq est une ville de 1.250 habitants. Le personnel qualifié y est rare. Beaucoup d'européens viennent ici pour travailler mais la plupart reste peu de temps. C'est particulièrement vrai pour les médecins et les infirmières qui restent entre 2 semaines et 6 mois. Si bien que la première question que posent les groenlandais aux étrangers est : combien de temps allez-vous rester ?
Ma femme Jane et moi considérons Uummannaq comme notre « chez nous ». Il était très important pour nous de montrer, dès le début, que nous étions ici pour rester et faire partie intégrante de leur culture. Ca paraît fou mais il nous a fallu environ 1 an pour nous intégrer complètement à la communauté. Je pense que c'est lié au fait que les Groenlandais ont l'habitude de voir les gens arriver et repartir. Mon travail d'enseignant a fortement contribué à mon intégration à Uummannaq. Mes élèves ont compris que je m'intéressais à eux, à leur vie mais que je voulais aussi leur apporter une bonne scolarité.