Arctic Arc: Groenland en vue
Publié le: 13.Jul.2007
Cela fait maintenant une semaine qu'Alain Hubert et Dixie Dansercoer ont aperçu au loin le profil des montagnes dominant la côte groenlandaise : une vision quelque peu surnaturelle, après 100 jours passés à ne voir que des blocs de glace gelés. Aujourd'hui, pour la première fois, ils aperçoivent distinctement le littoral groenlandais, puisqu'ils ne se trouvent plus qu'à une vingtaine de kilomètres de leur but.
Ces dernières semaines ont été les plus rudes de l'expédition. Alain et Dixie n'en reviennent pas d'avoir rencontré un terrain si accidenté à l'approche du Groenland. Souvenez-vous, cela était dû à la fonte anormale des glaces de la mer de Lincoln qui avait provoqué un incroyable chaos sur leur route, les obligeant à modifier leur trajectoire. Mais, au-delà des kilomètres supplémentaires qu'ils ont dû effectués, nos deux hommes s'inquiètent des changements inattendus qu'ils ont pu observer ces dernières semaines.
Tout au long de leur expédition, Alain et Dixie ont rencontré des perturbations. Jamais ils n'ont pu progresser longtemps sur une banquise lisse et régulière. Ils ont réuni leur traîneau pour franchir des leads (des voies d'eau de plusieurs mètres de large) plusieurs centaines de fois. Des milliers de fois, ils se sont retrouvés face à des blocs de glaces de plusieurs mètres de haut. Ceci, sans parler des conditions météorologiques inhabituelles dans cette région du monde : du très mauvais temps malgré une haute pression atmosphérique (signe habituel de beau temps), et une température trop élevée à l'approche des côtes. Ces signes témoignent à quel point les changements climatiques ont modifié l'océan Arctique depuis une quinzaine d'année !
Heureusement, à quelques heures de marche du Groenland, Alain et Dixie retrouvent enfin des conditions plus stables.
"Maintenant, c'est clair", nous raconte Alain Hubert par téléphone satellite, "les glaces sont à nouveau anciennes et forcément plus stables. Ce qui s'est passé dans la mer de Lincoln, je ne le comprendrai jamais. Mais je pense en tout cas que nous sommes définitivement sortis des gros problèmes et qu'on peu désormais envisager la fin de notre expédition avec plus de sérénité."
Aux dernières nouvelles Alain et Dixie n'ont plus que pour 4 ou 5 jours de nourriture. Une fois le Groenland atteint, pour les deux hommes, toute la question consistera dès lors à dénicher une zone de glace suffisamment plate pour permettre à l'avion, un Twin Otter canadien qui doit venir de Resolute Bay pour les récupérer, de se poser. En espérant que le temps se montrera suffisamment clément pour permette la récupération des deux explorateurs.
Pour l'instant, les deux explorateurs doivent maintenir leur concentration jusqu'au bout de leur voyage car la moindre inattention peut s'avérer tragique, tant ces régions sont hostiles !